Bonjour,
Dans le cadre de son appel à communs « Sobriété et Résilience », l’ADEME propose de soumettre à un collectif de contributeurs intéressés un projet de commun prenant la forme d’une étude de désirabilité, de faisabilité et des conditions de réalisation d’un « Programme de rééquilibrage territorial des bassins de vie en Ile-de-France à 2050 » pouvant correspondre à une déclinaison francilienne et (pré)opérationnelle des scénarios 1 (« Génération frugale ») et 2 (« Coopérations territoriales ») de l’ADEME et proposant donc une forme d’ « exode métropolitain » au profit d’une reconquête démographique des villes petites et moyennes, des villages, des bourgs et des hameaux franciliens permettant de rapprocher voire superposer bassins économiques et bassins résidentiels.
Ce programme permettrait d’une part de repréciser le cadre, le sens, la cohérence et la profondeur de champ des actions de l’ADEME en Ile-de-France vis-à vis des Franciliens et constituerait d’autre part une première brique de réflexion sur laquelle débattre pour définir collectivement où nous allons, pourquoi nous y allons et comment nous y allons à travers un récit commun lucide, pragmatique, cohérent, inspirant et désirable par et pour l’imaginaire francilien.
Cette étude se décomposerait donc en 4 lots :
Lot 1 – État des lieux du fait métropolitain et de ses limites
Il s’agirait ici d’acter l’insoutenabilité de la dynamique actuelle d’étalement urbain couplé à de la densification du fait métropolitain en faisant la synthèse des travaux de recherche critiques du modèle métropolitain, de ses limites et impasses ainsi que des alternatives.
Lot 2 – Définition du « programme de rééquilibrage territorial des bassins de vie en Ile-de-France d’ici à 2050 »
Il s’agirait ici de définir la feuille de route (pré)opérationnelle d’un « chantier d’urgence » de transformation concrète de l’aménagement du territoire lancé sur le mode du « Plan Marshall » et de l’« effort de guerre » pour construire un projet de société résiliente qui embarque les Franciliens et leur donne foi en l’avenir. Il s’agirait également d’intégrer les attentes et retours recueillis dans le cadre de la grande consultation des Franciliens de l’étude de désirabilité (voir Lot 2).
L’objet de l’exercice ne serait pas d’idéaliser une « Ile-de-France post-urbaine » mais d’étudier les voies et moyens de sortie du modèle métropolitain d’étalement urbain diffus pouvant aboutir à un agglomérat de « non-villes » et de « non-campagnes ». En effet, le modèle de réseau de lieux de vie francilien pressenti comme véritablement soutenable et résilient ne serait pas exclusivement rural mais bien un maillage fin de villes petites et moyennes (entre 3 000 et 60 000 habitants selon la bibliographie ad hoc, la taille de Paris restant a priori une exception à définir), de villages, de hameaux et de bourgs.
Combinant une approche remontante (« bottom-up ») et descendante (« top-down »), un souci d’opérationnalité et une prospective territoriale stratégique de « backcasting », cet exercice de programmation reposerait sur un raisonnement pragmatique en ordres de grandeur et en déterminants de premier rang qui viserait à construire un cheminement systémique et dynamique pour les atteindre.
En s’inspirant de la méthode du Shift Project et en capitalisant sur leurs travaux pour leur Plan, trois axes de travail parallélisés pourraient être proposés :
Axe 1 – Sous-programme de transformation de l’économie francilienne :
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Programme de transformation des secteurs d’activités actuels et définition des verrous (sociotechnique, économique, politique, juridique, réglementaire, normatif, etc.), des leviers d’action en matière de sobriété, d’efficacité et d’énergie faiblement carbonée et de leurs métriques associées ;
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Définition et caractérisation des secteurs d’activités stratégiques pour la réinscription dans les limites planétaires et la résilience des territoires (type de métiers, volume d’emplois et clés de répartition, etc.) ;
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Programme d’accompagnement à la reconversion professionnelle des secteurs d’activités qui vont ralentir et rétrécir vers les secteurs stratégiques d’avenir identifiés (comme la démarche de l’Extrême Défi de l’ADEME), les métiers et les emplois nécessaires à la reconstruction de territoires résilients (agroécologie, « artisanat de série », filières bâtiment et mobilité, etc.), dans une logique de redynamisation du tissu productif local par une relocalisation et une diversification de la production et de la consommation du quotidien qui valorisent la géomorphologie et les terroirs franciliens ;
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Chiffrage du coût et des bénéfices socioéconomiques et écologiques du sous-programme.
Axe 2 – Sous-programme de transformation de l’aménagement territorial de l’Ile-de-France :
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Caractérisation du modèle de réseau distribué de lieux de vie de l’Ile-de-France à 2050 à travers des narratifs qualitatifs et quantitatifs, des cartographies et des tableaux de bord d’indicateurs de stock et de flux physiques (seuils min/max de contre-productivité et fourchettes d’optimalité en termes d’empreinte écologique, de pollutions et de résilience) et socioéconomiques (types de métiers et volumes d’emplois nécessaires par grands secteurs d’activités stratégiques, niveau de santé et de bien-être, niveau de cohésion et de convivialité, niveau de vie démocratique locale, niveau d’équité, niveau de délinquance et de criminalité, etc.)
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Définition des dispositifs technique et financier d’un parcours d’accompagnement à l’installation des Franciliens dans le réseau de villes et villages et de leurs capacités d’accueil
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Chiffrage du coût et des bénéfices socioéconomiques et écologiques du sous-programme
[Et dans l’idéal :
Axe 3 – Pilotage dynamique des sous-programmes de transformation de l’économie et de l’aménagement territorial franciliens :
** Développement d’un modèle systémique couplant l’échelle « monde » aux échelles régionale et territoriale pour :*
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Étayer et objectiver les narratifs qualitatifs et quantitatifs des sous-programmes
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S’assurer de la cohérence systémique (transferts d’usage, d’impacts et d’emplois, boucles de rétroaction, effets « rebond », etc.) et multi-échelle (spatiale et temporelle) et de la robustesse des trajectoires de résilience et d’empreinte écologique ;*
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Anticiper et prévoir des stratégies d’absorption des perturbations faibles ou fortes, brutales ou progressives, d’ici à 2050 ;*
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Suivre et mesurer les écarts aux objectifs de contribution à la réinscription dans les limites planétaires et à la résilience territoriale assignés aux différents jalons temporels.]*
Ainsi, s’il intègre une vision à 2050 de l’Ile-de-France, le programme pourrait devenir un référentiel de pilotage des stratégies territoriales (SDRIF, SRCAE, SRDEII, SRESRI, PCAET, CTE, SCOT, PLUi/PLU, etc.) et autres dispositifs (Territoires d’industries, Action Cœur de Ville, Petites Villes de Demain, Territoires « Zéro Chômeur de Longue Durée », etc.).
Lot 3 – Étude de désirabilité du programme
En capitalisant sur les études réalisées notamment par le Forum Vies Mobiles sur les aspirations de modes et lieux de vie des Franciliens, il s’agirait d’organiser une consultation francilienne (sous une forme à définir) au fur et à mesure de l’élaboration du programme auprès d’un échantillon représentatif des Franciliens les attentes ainsi que le niveau de désirabilité du programme et, le cas échéant, d’intégrer le « cahier des doléances » de l’échantillon en termes d’évolution du contenu du programme.
Partenaires potentiels : Cluster 17, Destin Commun
Lot 4 – Étude de faisabilité du programme
Une fois la définition du programme stabilisée, il s’agirait d’en étudier la faisabilité technique et les leviers activables (comme par exemple la déconcentration des emplois de l’administration publique et des entreprises multi-sites et le télétravail) notamment au travers des opportunités, risques, forces et faiblesses d’un tel programme. Concernant les leviers activables, il pourrait pertinent de s’appuyer sur le référentiel d’analyse systémique de Donella Meadows présenté dans son essai Pour une pensée systémique.
Lot 5 – Étude des conditions de réalisation du programme
Il s’agirait ici de préciser avec les acteurs de terrain les conditions favorables d’exécution du programme, notamment sur les plans organisationnel, législatif, fiscal, juridique, règlementaire, normatif, etc.
Une stratégie de communication avec les médias locaux (France Bleu, France 3, PQR, etc.) et éventuellement nationaux ainsi qu’au près des acteurs territoriaux franciliens pour relayer le lancement, l’avancement, les conclusions et les suites de l’étude du programme pourrait être pertinente aussi.
Pour le suivi et la contribution aux différents lots, il pourrait être pertinent de mettre en place un comité de pilotage composé des acteurs « de terrain » de l’AMIF, des services déconcentrés de l’État (DRIEAT, DRIEE, etc.), de l’ANCT, du Conseil Régional Ile-de-France, de la Métropole du Grand Paris, de la Ville de Paris, de Villes de France, de France Urbaine, de l’Association des maires ruraux de France (AMRF), de l’AdCF, de l’AdgCF, du Cerema, de la Caisse des Dépôts (Bpifrance et Banque des Territoires), etc.
Enfin, sur le plan calendaire, le projet pourrait s’étaler sur une période de 24 à 36 mois.
Si vous êtes intéressés pour participer à l’appel à communs sur la base de cette proposition (qui reste évolutive), nous vous invitons à suivre les instructions ici : Appel à Communs Sobriété et Résilience - 2023 — Résilience des Territoires
Idéalement, il faudrait déposer une proposition collective de commun dans laquelle chaque contributeur pourra indiquer sa contribution en tant qu’ « acteur » mais il est également envisageable de soumettre plusieurs propositions de commun.
L’objectif serait de déposer votre ou vos proposition(s) de commun d’ici la clôture finale du 24 novembre 2023.
Et n’hésitez pas à relayer cet appel à contributeurs à d’autres acteurs que vous jugeriez pertinents aussi.
Nous restons à votre disposition pour tout complément d’information,
Bien à vous
Thibaut Faucon